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Visite Présidents de l'association Régions de France.

visite25102018Monsieur le Ministre Hervé MORIN, Président de Régions de France,
Monsieur Renaud MUSELIER, président de la Région Sud Provence Alpes Côte d’Azur,
Monsieur le Président de la commission Outre-mer de Régions de France et président de la collectivité territoriale de la Martinique, cher Alfred MARIE-JEANNE
Mesdames et messieurs les élus du Conseil exécutif,
Mesdames et Messieurs en vos grades et qualités,

Je vous souhaite la bienvenue à Saint-Martin et je tiens à vous remercier sincèrement pour votre présence parmi nous.

Nous avons besoin que l’on continue de parler plus, sur le fond des dossiers, de la reconstruction à Saint-Martin car si la vie reprend, la situation est encore critique.

Vous avez pu avoir, à votre arrivée, un aperçu de l’ampleur du désastre, treize mois après IRMA. De nombreux bâtiments sont encore en l’état, je n’insisterai pas sur les chiffres, les constats, les bilans : le petit film que vous allez visionner tout à l’heure résume le traumatisme subi, et se passe de commentaires...
J’ajouterais un aspect inquiétant, que je répète à tous mes interlocuteurs, ici, à Paris, à Bruxelles, et qui ne se voit pas : Saint-Martin s’est vidée d’une partie de ses forces vives. Environ 7 000 personnes auraient quitté le territoire en Septembre 2017.
A l’échelle nationale, cela représenterait un exode de plus de 12 millions de Français. Soit la région Ile de France, comme rayée de la carte !!
Un peu plus de 3 000 personnes seraient revenues depuis un an, mais le solde net demeure négatif, on le voit bien au niveau des effectifs scolaires, en baisse de 10 % à 15 % par rapport à l’an dernier.
Pire, d’autres talents risquent encore de nous quitter si l’économie ne repart pas...
Travailler sur l’attractivité de Saint-Martin, pour faire revenir, et venir, les compétences, du public comme du privé, constituera donc pour moi une impérieuse nécessité dans les prochains mois.
Je souhaiterais, ici et maintenant, insister sur cinq chantiers, portant sur des compétences relevant des régions.

Car, on tend à l’oublier à Paris où l’on nous considère encore comme une commune, Saint-Martin cumule depuis son passage en collectivité d’outre-mer en 2007 des compétences de l’Etat, d’une commune, d’un Département et d’une Région.

En d’autres termes, nous pouvons être considérés, avec nos compatriotes de Saint-Pierre-et-Miquelon et de Saint-Barthélemy, comme l’une des plus petites régions de France...

Il en résulte un surcroît de responsabilités pour l’Exécutif saint-martinois, qui doit mettre en œuvre des réformes difficiles -au pire moment de l’histoire de l’île.

Dit plus simplement, auparavant, nous administrions une commune. Aujourd’hui, je dois gérer un pays...

1- Premier chantier : Promouvoir résolument la formation professionnelle...

La population saint-martinoise se caractérise par sa jeunesse : un tiers des habitants de la COM a moins de 20 ans, contre un quart en Métropole.
Rappelons aussi qu’en 2014, la population titulaire d’un diplôme d’enseignement supérieur ne représentait que 14,5 % des plus de 15 ans, contre 18,7 % à la Guadeloupe et 27,8 % en métropole.
Toujours en 2014, dernières données disponibles, hélas ! le taux de chômage y atteignait 33,6 % de la population active, supérieur de 10 points à celui constaté en Guadeloupe, trois fois la moyenne nationale et près de huit fois le taux constaté à Saint-Barthélemy.
C’était alors, et bien peu de personnes connaissent ce triste record national, le territoire français ayant le plus fort taux -je dirais le pire taux- de chômage !...
La reconstruction a créé des embauches notamment dans le BTP, mais nous avons un retard significatif à rattraper. La population saint-martinoise doit être davantage, et mieux, formée.
Elle doit donc pouvoir user du temps consacré à la reconstruction pour se former aux métiers de demain, et acquérir une « culture du risque », notamment pour faire face aux phénomènes climatiques. Des centaines et des centaines de personnes vont ainsi avoir besoin, dans les mois et les années qui viennent, de formations qualifiantes, et de longue durée...
Pour cela, la mobilisation optimale du Plan gouvernemental de 15 Milliards d’euros sur 2019-2022 (dont 0,7 Mds fléchés sur les DCOM) apparaît donc vitale pour la formation et la reconversion professionnelle de milliers de Saint-Martinois.
Nous avons récemment reçu un courrier nous informant que la contribution de l’Etat pour la formation professionnelle des demandeurs d’emploi pourrait atteindre 7,2 M. € au titre du « Pacte ultramarin dans les compétences », ce qui correspond tout juste à notre clé de répartition démographique au sein des Outre-mer...C’est une première avancée...
Par ailleurs, je pense qu’il faudrait concevoir, pour Saint-Martin, un dispositif innovant ciblant la formation de cadres locaux de haut niveau. Cela a été fait en Nouvelle-Calédonie, avec le programme « 400 cadres » ; puis à Mayotte, avec le dispositif « Cadres avenir » instauré par l’illustre Loi sur l’Egalité Réelle Outre-mer de l’an dernier.
Pourquoi ne pas le faire à Saint-Martin, avec et pour les Saint-Martinois ? Ce serait une mesure d’efficacité et de bon sens. Ce serait aussi une initiative symboliquement importante : plus que jamais, par les temps qui courent, mon peuple a besoin de preuves de confiance, et de fierté.
Espérons que les procédures seront bousculées et que les moyens suivront.

2- Deuxième chantier : Relancer un tourisme durable et de qualité...

Dans les mois à venir, nous souhaitons obtenir des avancées en PLF et PLFSS, afin de renforcer nos secteurs économiques « vitaux », comme le Tourisme...
Car la reprise de l’activité touristique est encore balbutiante.
• Les recettes de la taxe de séjour, par exemple, ne représentent toujours que 14 % des montants pré-IRMA ;
• Un peu plus de 18 % des indemnités d’assurance destinées aux hôtels restent encore à verser ;
• Les travaux sont en cours mais à la fin de cette année, nous ne devrions avoir récupéré qu’un tiers de notre capacité hôtelière ante-IRMA.
C’est dire si le chemin est encore long...

Nous devons donc, dans le contexte très concurrentiel que nous connaissons avec le dumping social de la partie néerlandaise de l’île, encore renforcer la compétitivité de nos entreprises du secteur de l’hôtellerie-restauration.
Ainsi, en termes d’exonérations de charges sociales, la fin du dispositif LODEOM ne doit pas faire basculer Saint-Martin dans le droit commun.

Parallèlement, une augmentation du taux de la défiscalisation relatif à la rénovation hôtelière permettrait de relancer davantage le secteur.

Mais le tourisme saint-martinois ne pourra véritablement renaître sans efforts accrus en termes d’environnement lato sensu, car pour être attractifs, il nous faut effacer les stigmates du cyclone et nettoyer, au sens propre, Saint-Martin.
Si un effort considérable a été engagé depuis le 6 septembre dernier par notre collectivité avec plus de 15M€ investis dans le nettoyage du domaine public, nous devons impérativement augmenter les capacités de retraitement de nos déchets, et nous espérons bénéficier, dans cette optique, d’aides significatives de la part de l’ADEME.

Parallèlement, les opérations de réhabilitation des réseaux d’assainissement et de distribution d’eau potable doivent être accélérées : c’est pour nous une impérieuse nécessité car les réseaux sont vétustes et sous dimensionnés et doivent être réhabilités le plus rapidement possible.

Alors que le Premier ministre a annoncé le 29 Août dernier un plan de 5 Milliards d’euros, j’espère que nous trouverons rapidement des solutions sur ce dossier prioritaire.

3- Troisième chantier : Accélérer la reconstruction des établissements scolaires

Il s’agit, pour les Services de la COM, d’une autre priorité impérieuse.
Beaucoup a déjà été fait par mes équipes, contrairement à ce qu’insinuent certaines déclarations : je parle ici de certains élans populistes ou des habituelles sentences moralisatrices, provenant hélas bien souvent de personnes qui étaient bien loin de Saint-Martin en ce 6 Septembre 2017...
D’ores et déjà, plus de 10 M. € de travaux (démolition, sécurisation, puis reconstruction) ont été engagés par la COM, permettant une rentrée scolaire dans des conditions globalement acceptables.
Il nous faut désormais accélérer les procédures, afin de consommer au plus vite les 15 M. € de crédits d’investissement décidés lors du dernier Comité interministériel, en Mars dernier : ils permettront de débuter la reconstruction d’un collège d’une capacité d’accueil de 900 élèves, d’un coût total de 21 M. €.
Il faudra aller encore plus loin, tant les besoins sont importants : vous aurez l’occasion de le voir demain lors de la visite du lycée, en pleine réhabilitation...
Et nous espérons toujours, à l’issue de ces premiers crédits, un engagement plus ambitieux de l’Etat en matière d’investissements publics. L’effort budgétaire de la Nation que nous appelons de nos vœux sera, à l’échelle du budget de l’Etat, minime. Pour nous, il sera déterminant, je dirais même vital : il en va de l’avenir de nos enfants.

4- Quatrième chantier : Inventer un nouveau développement économique pour Saint-Martin...
Nous partageons évidemment les ambitions du Président de la République, visant à mener à bien plusieurs chantiers de fond pour garantir, à l’avenir, une île plus résiliente et plus prospère.
Car nous voulons reconstruire plus vite, mais aussi mieux, en valorisant notre nombreuse jeunesse et en promouvant l’innovation : Saint-Martin, avec les outils dédiés, a ainsi vocation à devenir une terre d’excellence, en développant par exemple la R&D en matière de bâti tropical et de matériaux antisismiques et anticycloniques.
Nous souhaitons également accélérer la modernisation et le développement du Port de Galisbay : s’agissant de ce dernier point, il s’agit d’un projet vital pour l’approvisionnement de nos compatriotes ; c’est aussi une question d’intérêt national, d’indépendance géo-économique par rapport à Sint-Maarten.
Mais, pour cela, il nous faudra disposer, massivement, de crédits d’investissement pour la décennie à venir :
(i) par nous-même, grâce aux marges de manœuvre que nous aurons trouvées, et nous y travaillons en optimisant nos dépenses de fonctionnement et en maîtrisant l’évolution de notre masse salariale ;
(ii) grâce aux dotations de l’Union européenne, que nous négocierons pour la période 2021-2027 une fois obtenue la qualité d’autorité de gestion ;
et, bien sûr avec l’Etat et ses opérateurs, au nom de la solidarité nationale : car pour nous, à Saint-Martin, la solidarité nationale n’est pas un « gros mot », et doit prévaloir, ici comme ailleurs dans d’autres territoires de la Nation.
Il est donc important que l’Etat s’engage à mobiliser dans les régions, et donc chez nous !, les crédits du Grand Plan d’Investissement de 57 Mds. € (100 000 fois le PIB de Saint-Martin !). Nous en aurons bien besoin, et une attention particulière sera apportée aux domaines de la transition écologique et énergétique, du numérique, de la santé et, je viens de le souligner, de la formation professionnelle.
Parallèlement, Saint-Martin ne saurait être durablement exclue de l’ambitieux programme Action Cœur de Ville, porté par la CDC (pour rénover Marigot, son centre historique, son front de mer -y compris ses deux marinas).

5- Cinquième chantier : Réussir notre rendez-vous avec l’Europe et avec la gestion des fonds européens.

Permettez-moi également d’insister sur un point très important, qui concerne en particulier mes collègues présidents de région en Martinique (monsieur le président Marie-Jeanne), Guadeloupe et Guyane.
A partir de Décembre 2018, et pour la première fois de son Histoire, la COM de Saint-Martin assurera pleinement ses responsabilités de Présidente de la Conférence des Présidents des Régions Ultrapériphériques et de l’ARUP, au profit des intérêts ultra-marins de la France et moyennant un partenariat loyal et étroit avec les Services de l’Etat compétents...
Il s’agit pour nous d’un véritable défi.

Dans l’immédiat, la priorité sera d’éviter les « dégagements d’office », faute de consommation des crédits européens, avant la fin de cette année. Il serait navrant, alors qu’il existe tant de besoins d’investissements et de formations dans nos outre-mer, que des millions d’euros soient perdus, et profitent in fine à d’autres Etats. Je réunirai très prochainement, à la Mi-Novembre, les cinq autres présidents de nos RUP pour trouver des solutions.

Dans les mois à venir, à l’heure de la publication des propositions règlementaires de la politique de cohésion post 2020, je suis également conscient que le lobbying des RUP devra s’amplifier à Paris et au Parlement européen, afin d’éviter l’application de certaines mesures funestes pour nos régions : il s’agit, par exemple, de la diminution envisagée du taux de cofinancement maximal, censé chuter de 85 % à 70 %.

Il faudra parallèlement faire preuve de vigilance pour défendre les acquis des régions face aux tentatives visant à « renationaliser » subrepticement la gestion de certains fonds européens après 2021. Je sais que, grâce à l’action de Régions de France et de son Président, nous avons pu avancer récemment s’agissant de la gestion du FEADER. J’ai bon espoir que cette vigilance renouvelée nous aidera à gagner d’autres combats...

Enfin, je terminerai par un point qui me tient à cœur, et je ne manquais jamais une occasion d’interpeller le Gouvernement à ce sujet quand j’étais député à vos côtés : l’absence d’antenne de l’INSEE à Saint-Martin.
En l’absence de statistiques, la collectivité de Saint-Martin est peu connue. Et peu reconnue comme composante intégrante et constitutive de la République.
- Peu connue : nous n’avons ainsi pas accès aux instructives données divulguées, chaque année dans les DOM, par l’Enquête emploi de l’INSEE. Parallèlement, le PIB de Saint-Martin (0,6 Md. €) n’est même pas comptabilisé dans le PIB national : en un mot, pour certains hauts fonctionnaires de l’Etat, nous « coûtons », mais ne « comptons » pas.
- Peu reconnue, car, faute de statistiques objectives, incontestables et actualisées, notre territoire atypique, fait l’objet de tous les clichés, de tous les phantasmes...
Car Saint-Martin et les Saint-Martinois souffrent, et j’aimerais terminer mon discours sur ce point, de beaucoup d’idées reçues, parfois blessants, qui nous empêchent d’avancer...

Alors que nous sommes aux avant-postes de la France face au monde américain, caribéen et anglo-saxon, nous avons parfois la désagréable impression d’être punis pour ce que nous sommes : un petit territoire qui vient de subir l’un des pires cataclysmes climatiques de l’Histoire, deux fois moins grand que Paris, onze fois moins peuplé que la Martinique, dépourvu de nickel et d’industrie spatiale. Et, peut-être pire !, peu enclin à lever le poing, brandir la menace du chaos et distiller le mythe de l’indépendance salvatrice !...
Un seul exemple : on dit que Saint-Martin fait preuve d’incivisme fiscal. Ce cliché, répété à l’envi par certains responsables distingués, est blessant. Si les Saint-Martinois payent peu d’impôts, c’est tout simplement parce qu’ils sont pauvres : près des 2/3 de nos résidents fiscaux affichent un revenu fiscal annuel de moins de 10 000 € par an ; en Guadeloupe, c’est la moitié, en Métropole, un quart...Cela n’est guère surprenant lorsque l’on découvre que, là encore contrairement à certains clichés, Saint-Martin est la troisième collectivité la plus pauvre de France, après Mayotte et Wallis et Futuna, à égalité avec la Guyane.
Avec des statistiques affinées et actualisées, nous pourrions lutter contre ces idées reçues, renforcer notre crédibilité et notre attractivité, et aller plus en avant dans nos projets de reconstruction et de développement.

J’espère donc, mes chers collègues, que ce court séjour à Saint-Martin vous permettra de découvrir les réalités, les spécificités et les atouts de notre Friendly island.
J’en profite pour remercier à travers votre présence parmi nous les régions, départements et communes qui ont témoigné leur solidarité à Saint-Martin en faisant de nombreux dons. Ce fut un soutien précieux. Merci.
Chers amis, nous comptons sur votre témoignage, sur votre soutien et votre amitié.
Je vous remercie.

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