Discours du Président GIBBS Passation de la Présidence au Département de Mayotte.

cprup0702202024ème Conférence des Présidents des RUP
Saint-Martin, Vendredi 7 février 2020

 

Messieurs les Présidents,
Chers collègues et amis,

Re-bonjour à toutes et à tous,

 

Nous voici donc ici réunis,
tous ensembles,
à l’issue de presque deux jours de travaux denses et féconds.
Cette conférence se termine.

C’est, c’était, devrais-je presque dire désormais,
la première Présidence Saint-Martinoise de la CP-RUP.

Cette Présidence fut, pour moi, un singulier et exaltant défi !

Car nous revenons de si loin !

 

J’avoue que lorsqu’il m’a été proposé de prendre cette présidence, en Octobre 2017 en Guyane, un mois ½ après la dévastation de Saint-Martin par l’ouragan Irma, j’ai eu d’abord, avant d’accepter cet honneur, un moment d’hésitation, presque de vertige.

Saint-Martin est un petit territoire, singulier et méconnu…
dont j’aime à rappeler les caractéristiques.

C’est une collectivité d’Outre-mer de 53 km² (soit la moitié de la superficie de Paris !), peuplée à présent d’environ 35 000 habitants (dix fois moins que la Martinique, soixante-deux fois moins que les Canaries).

C’est la plus petite des neuf RUP, et elle n’a rejoint la grande famille de l’ultrapériphérie qu’en 2009, soit deux ans après son accession à l’autonomie. La tâche s’avérait donc déjà, structurellement, difficile !

Alors, je vous laisse imaginer l’ampleur du travail à accomplir, entre fin 2017 et début 2020 !…

Comment assumer, en effet, une telle Présidence, lorsque votre Territoire est dévasté, comme rayé de la carte ?...

Et vous connaissez tous, à présent, le contexte, politique, économique et social qui nous caractérise, et que nous subissons.

Je n’y reviendrai pas.

Ce défi, nous l’avons relevé, tous ensemble !

Par le courage de notre population, par le dévouement de mes équipes.

Mais aussi grâce au soutien sans faille des huit autres régions, et à la bienveillance de l’Union européenne et de ses institutions.

Dans cette période charnière, et au regard du contexte particulier du territoire, la présidence saint-martinoise de la CP-RUP est donc parvenue à s’inscrire, avec le soutien de toutes les régions, dans la continuité du travail sérieux et de qualité, accompli sous les présidences précédentes.

Et notamment par la Présidence des Canaries, qui constitua, pour moi, une salutaire et passionnante initiation aux problématiques européennes.

J’ai cinq minutes pour résumer ces presque 15 mois de présidence… Encore un défi abyssal !

Car il y a tant de choses à dire…

Beaucoup de réalisations accomplies.
Et encore tant à faire !!...

 

Je préfère parler avec mon cœur,
et délivrer quelques messages :
en provenance du passé,
et en direction de l’avenir.

Souvenons-nous !
Lors de mon discours de passation de présidence aux Canaries, le 23 Novembre 2018, je déclarais :
« Nous sommes aussi, et de plus en plus, menacés par un cyclone social. Une tempête de colère qui pourrait tous nous emporter si les inégalités ne se réduisent pas (…) Nos sociétés sont en souffrance : entendons leurs revendications sociales, économiques et identitaires ! ».

 

Quelques jours plus tard, le mouvement des « Gilets jaunes » poursuivait son déploiement en France en général
et à La Réunion en particulier. Et cette contestation désormais mondiale, s’étend, se diversifie, se radicalise…

Il est toujours délicat de voir, mes chers collègues, ses intuitions rattrapées par l’Histoire.

Et passablement dangereux :
dans certaines sociétés antiques et médiévales,
on exécutait les porteurs de mauvaises nouvelles…
Le temps n’était pas aux «lanceurs d’alerte »….
Cela dit, les choses ont peu changé, hélas !...

Aujourd’hui, je n’oserais donc faire trop de prévisions,
mais le contexte est singulier :
nous voici bel et bien entrés dans une ère menaçante et incertaine.

D’où l’urgence impérieuse d’être tous unis.

Nous, Régions ultra-périphériques de l’Union européenne, devons être unis. Il en va de notre survie.

Avec un objectif clair : œuvrer pour que les RUP soient mieux connues, reconnues et défendues.

Je voudrais enfin insister, une dernière fois en ma qualité de Président de la CP-RUP, sur des principes qui me sont chers,
et qui guident mon action politique.

Il faut savoir « marcher sur nos deux jambes », comme disait un grand personnage de l’Histoire.

En d’autres termes, et dans le respect de notre diversité, entre RUP, mais aussi au sein de chaque territoire, il faut savoir concilier l’impératif du rattrapage et le développement de nos potentiels.

• En effet, nos retards demeurent importants :
« les faits sont têtus », comme le disait un autre illustre personnage historique !

Nous devons donc les combler, avec nos propres forces bien entendu,
mais aussi grâce aux solidarités nationales et européennes, qui ne sont pas des « gros mots », mais des valeurs d’avenir…
La mise en œuvre effective et complète de l’article 349 du TFUE, doit en effet permettre aux RUP d’atteindre une égalité réelle, et pas seulement une égalité des possibles.

Il faut être ambitieux,
et viser la convergence rapide avec les niveaux de vie de la moyenne de l’Union Européenne, puis au-delà !

Car les notions de rattrapage et de convergence ne doivent pas être dédaignées, surtout pour des territoires dont le PIB par habitant dépasse péniblement 50 % de la moyenne européenne !

Il faut donc faire vivre et prospérer, au niveau européen, la belle notion française d’égalité réelle outre-mer.

• Mais nous disposons également d’atouts,
humains, économiques et géopolitiques.
Il faut les valoriser !

Terres de contrastes, les RUP ont également vocation à devenir des terres d’excellence…
Nous devons donc continuer à adopter l’attitude responsable qui est la nôtre.
Être constructifs, sans rien lâcher, sans jamais oublier l’impérieuse nécessité de préserver notre unité et nos cohésions sociales : c’est notre bien commun.

Sachons donc bénéficier des opportunités au sein de l'Union Européenne, qui est notre Maison commune !

La présidence mahoraise, comme la Présidence saint-martinoise, saura, j’en suis convaincu, défendre cet esprit constructif, combatif et conquérant.

L’heure est à présent venue de passer le témoin au Département de Mayotte.

Ce sera, aussi, sa première Présidence de la CP-RUP !

Nous avons beaucoup de respect, d’estime et d’affection pour Mayotte, dernière venue, en 2014, dans la grande famille des RUP.

Une île, un peuple qui ont longtemps souffert, qui ont, eux aussi, parfois été négligés, stigmatisés, dédaignés.

Une île, un peuple, Qui, fidèles à leur devise (Ra Hachiri !),
ont toujours été vigilants.

Et, qui, j’en suis convaincu, continueront à s’imposer, et à poursuivre leur marche victorieuse vers l’égalité des droits,
notamment sociaux.

Les Mahorais, dans leurs combats, dans nos combats, pourront compter sur la grande famille des RUP et, bien entendu, sur Saint-Martin.
Je vous remercie.