Réponse de Jean-Marc Ayrault, Premier ministre à une question de André Chassaigne (groupe GDR) lors des questions au Gouvernement à l’Assemblée nationale.

« Monsieur le président, je voudrais répondre au président Chassaigne, qui pose une question importante.
Je voudrais essayer de vous convaincre que ce que nous faisons va dans le sens de l'attente parfois angoissée de ceux qui sont au chômage et qui veulent aussi préparer l'avenir de leurs enfants. Je voudrais commencer par un point, pour essayer vraiment de vous convaincre, parce que, pour moi, la gauche, quel que soit son nom, qu'elle soit socialiste, social-démocrate ou qu'elle soit communiste, ce n'est pas toujours plus de dettes et plus de déficits. Je sais que ce n'est pas votre conception non plus. Il vous arrive de gérer, et vous le faites souvent très bien, des collectivités locales, mais vous le faites avec un esprit de responsabilité.
Pourquoi voulons-nous faire reculer les déficits et la dette ? Parce que justement, vous venez d'y faire allusion, je ne veux pas, comme le président de la République, que la France soit dans la main des marchés financiers. Plus nous baisserons les déficits, moins nous emprunterons, et plus les taux d'emprunt seront à un niveau acceptable, le président de la République l'a rappelé hier.
Et cette situation, mesdames et messieurs de l'opposition, vous pouvez à chaque fois vociférer, mais enfin, les 600 milliards d'euros de dettes supplémentaires, ils viennent d'où sinon de votre gestion ? D'où vient cette augmentation de la dépense publique de 4 points de la richesse nationale sinon de votre responsabilité. C'est cela qu'il faut changer. Et pourquoi ? Parce que je veux que notre pays retrouve des marges de manoeuvre pour financer ses priorités. Ce que nous mettons dans le remboursement des intérêts de la dette chaque année, c'est plus que le budget de l'Education nationale, et vous avez raison de dire que notre défi, c'est de préparer l'avenir, c'est de financer nos priorités et, parmi nos priorités, il y a la refondation de l'école.
Ce matin, le ministre de l'Education nationale, Vincent Peillon, présentait un plan contre le décrochage scolaire. Croyez-vous qu'il soit acceptable que 20% des jeunes enfants subissent l'échec scolaire. Echec pour eux, échec pour leur famille, échec pour la France. Eh bien, pour remonter la pente il faut des moyens, il faut des marges de manoeuvre. Eh bien, c'est comme ça que nous allons les trouver.
Alors ne dites pas que nous ne luttons pas contre la finance aveugle. La finance aveugle, c'est celle des subprimes, c'est celle de la spéculation, c'est celle de ces produits financiers toxiques que nous avons voulu corriger par la loi bancaire. C'est nous qui avons engagé ces réformes, c'est nous qui voulons que la finance soit au service de l'investissement et de la dépense publique utile, c'est nous qui avons mis en place la Banque publique d'investissement, c'est nous qui luttons contre la fraude fiscale, c'est nous qui luttons contre les paradis fiscaux.
Alors oui, ensemble, nous pouvons faire un chemin, Monsieur le président Chassaigne. Le chemin est difficile, le chemin est exigeant, mais c'est notre responsabilité. Le pacte de responsabilité proposé aux entreprises comme aux partenaires sociaux n'a pas d'autre but que de donner de l'espoir, donner de la confiance et d'abord donner de l'emploi ».