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Allocution du Président Daniel Gibbs - Conférence internationale sur les sargasses

danielgibbs27102019Ce terme de « géopolitique » est une notion ô combien d’actualité.

Ce concept global, exigeant et un peu mystérieux nous renvoie, dans nos imaginaires, aux grandes lignes de partage du monde contemporain.

C’est aussi un mot qui peut inquiéter, voire rappeler de mauvais souvenirs aux Antilles : il renvoie en effet souvent à la menace de conflits armés, et en appelle au cynisme froid de la raison d’Etat…

J’en veux pour preuve la délibération que nous venons tous de prendre pour autoriser des visas aux ressortissants britanniques dans le cadre du BREXIT, alors même que nos voisins de la Caraïbe ne bénéficient pas tous du même traitement.

Plus concrètement, en ce qui concerne les territoires de la Caraïbe, il s’agit d’évoquer ici, ensemble, les enjeux politiques et géo-économiques des phénomènes régionaux qui nous affectent : sargasses, bien entendu, mais aussi catastrophes climatiques, mouvements de populations et fragilisation des institutions nationales et locales…

car tout est lié !

Nos travaux, destinés au demeurant à se poursuivre dans d’autres circonstances et d’autres enceintes, devront conduire à la définition d’une Stratégie régionale commune.

Ladite stratégie devant permettre aux Etats et territoires caribéens d’adopter un mode de développement résilient face aux changements globaux : il faut donc concevoir, et mettre en œuvre, cette stratégie globale, concertée et coordonnée de résilience, dotée d’outils opérationnels, et, surtout, dûment et loyalement financés.

Quelques mots d’abord sur les enjeux géopolitiques qui nous concernent.

Saint-Martin se caractérise par une singularité géopolitique depuis 1648. Et je rappelle, au passage, que la coopération régionale est un phénomène qu’il n’est plus besoin d’inventer ici : nous le vivons au quotidien depuis 371 ans.

A la fois île de la Caraïbe, Collectivité d’Outre-mer de la République française et Région Ultrapériphérique de l’Union européenne, Saint-Martin fait partie intégrante des trois ensembles qui constituent sa réalité, son identité et sa substance.

Nous disposons également, et j’espère que notre Etat saura un jour le reconnaître, d’atouts géopolitiques majeurs : dit autrement, nous sommes aux avant-postes de la France face au monde américain, caribéen et anglo-saxon. Si une île peut revendiquer le fait d’être un pont entre la France et les Amériques, c’est bien la nôtre.

Par ailleurs, nous nous situons à proximité de pays voués à se développer, à réussir leur décollage économique. Je pense ici à Cuba. Mais je pense également à Haïti, qui sera peuplée de 15 millions d’habitants en 2050 : 33 % de plus qu’aujourd’hui.

Il existe donc beaucoup d’opportunités pour nos territoires.

Pour autant, ces opportunités peuvent aussi se traduire, hélas, en menaces.

A l’échelle mondiale, voire continentale, la Caraïbe est peu peuplée et vulnérable : à l’horizon 2050, les facteurs de déstabilisation sont légion.

  • La population caribéenne, dans trente ans, devrait atteindre 47 millions d’habitants, à comparer aux 224 millions d’Amérique centrale et aux 491 millions d’Amérique du Sud ;
  • Nous risquons, à cette échéance, d’être non seulement impactés par le changement climatique (cyclones, élévation du niveau des océans…)…mais aussi par les mouvements de population induits par des effondrements politiques, économiques et sociaux.
  • D’ores et déjà, à Saint-Martin, un tiers de la population est immigrée, 108 nationalités se côtoient et l’harmonie sociétale que les élus locaux ont réussi à sauvegarder ne résistera pas à l’inévitable paupérisation qu’engendrerait un désengagement supplémentaire de l’Etat.
  • Dès à présent, le Venezuela est en train de s’effondrer. Il est peuplé aujourd’hui de 29 millions d’habitants, et de 37 millions en 2050. De nombreux réfugiés économiques arrivent déjà à Aruba. Qui peut penser qu’une amplification de cet exode n’aura aucune conséquence sur la stabilité de nos territoires ?...

En matière géopolitique, en zone Caraïbe comme dans le reste du monde, rien n’est jamais perdu.

Mais rien n’est jamais acquis.

Nous sommes donc confrontés à des enjeux majeurs, tous liés, tous interconnectés : on fait la politique de sa géographie, de son environnement et désormais de son climat….

Et notre avenir se joue maintenant : le développement de nos économies, la santé de nos populations, la préservation de la biodiversité locale -et in fine de notre environnement à tous les sens du terme.

Avec, je le répète, un risque vital pour nos populations : celui, dans quelques décennies -et peut-être avant !- d’être contraints de choisir entre l’exil vers des métropoles indifférentes et une existence invivable sur des terres polluées, appauvries et violentes…

Alors « que faire » ?

Nous devons, et nous avons commencé à le faire, nous saisir collectivement pour trouver des solutions, nationales, régionales et internationales.

Des solutions ambitieuses, concrètes et durables.

  • Cela passe donc -aussi- par des solutions nationales : il en va des responsabilités historiques et géopolitiques de la France.

Nous avons la chance de pouvoir compter, en principe, sur un Etat fort, prospère et déterminé à être à la pointe du combat pour la préservation de la biodiversité régionale. Il y a quelques jours, le Président de la République a rappelé un tel engagement sur les îles françaises du canal du Mozambique : on ne peut que s’en féliciter…

Mais à Saint-Martin, force est de constater que nous éprouvons d’immenses difficultés, deux ans après IRMA, à ne pas être considérés.

Cette situation est, pour tout le monde et en premier lieu ma population, difficilement supportable.

Pour autant, et comme vous tous, je souhaite, plutôt qu’un combat frontal, une relation apaisée avec un Etat qui serait partenaire, stratège et bienveillant, c’est-à-dire capable de confiance, d’écoute et de reconnaissance envers la gestion pragmatique mais exigeante des élus de proximité.

Cependant, et pour revenir à la problématique des sargasses, comme plus globalement à celle de la prévention des risques majeurs, nul projet d’envergure ne pourra voir le jour sans un support financier adéquat.

Je tenais à rappeler ces réalités : les faits sont têtus.

J’évoquerai également, et rapidement, les solutions européennes

Ce sujet a déjà été abordé le 24 Octobre dernier par Pascale ALIX-LABORDE : nous devrions bénéficier pleinement des initiatives européennes, tant au niveau d’INTERREG que du FED Caraïbes (outil de financements de 40 M. € qu’il ne faut pas méconnaître).

Vous aurez d’ailleurs l’occasion d’évoquer, durant cette matinée, le Programme de lutte contre les algues sargasses co-financé par le programme INTERREG Caraïbe, qu’il faudra consolider après 2020.

Il faudra également pérenniser et renforcer le programme BEST, et veiller à ce que les fonds attribués, entre 2021 et 2027, au programme LIFE soient suffisants, et dûment orientés vers la préservation de la biodiversité ultra-marine.

En ma qualité de Président de la Conférence des Présidents des RUP, je rappellerai ces impératifs, à l’occasion de la 24e CP-RUP, qui se tiendra, les 5-6-7 février prochains, à Saint-Martin…

Pour terminer, je formule à nouveau le vœu que des accords et des objectifs de travail conjoints soient élaborés à partir d’un calendrier et d’une feuille de route suivie par tous.

Feuille de route assortie, je l’espère, nous l’espérons tous, d’une programmation concrète de financements pluriannuels…

Financements à la hauteur de l’enjeu qui nous réunit aujourd’hui…

Nous poursuivrons nos travaux dans les semaines à venir, notamment à Cayenne fin Novembre.

Dans le contexte que nous connaissons, la Conférence de Coopération Régionale Antilles-Guyane demeure en effet, et plus que jamais, une rencontre nécessaire, incontournable et privilégiée.

Cette institution s’est imposée, surtout depuis ces deux dernières années grâce à l’inlassable travail de l’Ambassadeur Jean-Bernard NILAM, comme un véritable événement géopolitique.

Nous aurons donc ainsi l’occasion d’y rappeler nos demandes, d’y affiner nos analyses, et d’y évaluer l’écoute qui nous sera consacrée…

Et pour conclure, j’ajouterai que la question de la gestion des échouements de sargasses est un bon exercice, si je peux m’exprimer ainsi, pour tester nos capacités à travailler ensemble, pour faire face à des menaces qui préoccupent notre grande région caribéenne.

 

Mesdames et Messieurs, Je vous remercie.

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